L'essentiel sur le burn-out

Le burn-out est un épuisement professionnel

La façon la plus simple de comprendre le processus du burn-out est de le voir comme un épuisement dû au stress chronique au travail.

Les termes en français sont « épuisement professionnel » ou « usure professionnelle », ils décrivent bien ce que c’est: un épuisement physique et émotionnel dû au poste de travail occupé.

Le burn-out n’est pas un état mais plutôt un processus qui évolue lentement dans le temps, c’est la conséquence d’un stress chronique. Le burn-out est un épuisement de notre organisme qui a une incidence sur l’équilibre psychologique, ses causes et son traitement sont spécifiques, le processus de guérison est différent de celui d’une dépression. Les victimes de burn-out bénéficient d’une pleine santé psychique et sont ainsi capables de solliciter leurs forces mentales lors du traitement: volonté, engagement, discipline, capacités d’apprentissage, bienveillance.

Explications détaillées

Même s’il existe des sentiments dépressifs lors de l’épuisement professionnel et que certains symptômes peuvent faire penser à une dépression, il faut distinguer «dépression» et «burnout». Le burnout n’est pas considéré comme une pathologie mentale au même titre que la dépression. Le burnout est une conséquence négative d’un stress chronique que la victime subit à cause de son activité professionnelle. Le sentiment de perte d’accomplissement de soi reste localisé dans le domaine professionnel et, au début de l’épuisement, n’envahit pas la vie privée de l’individu. Par contre, les causes d’une dépression peuvent être diverses et ne sont pas limitées à la vie professionnelle. La dépression amène souvent un sentiment de tristesse profonde que ne ressent pas forcément la victime de burnout. Le burnout peut amener un terrain favorable à une dépression mais il n’est qu’un facteur parmi d’autres.

Le stress devient dangereux sur le moyen terme, lorsqu’il dure plus de 6 mois. Souvent c’est après 1 ou 2 ans de résistance au stress (voire plus) que le corps «craque». Trop sédentaire, les tensions s’accumulent et l’on a de plus en plus de difficultés à les gérer. De plus, on dort moins bien la nuit (ou l’on se réveille sans pouvoir se rendormir) et le sommeil est moins récupérateur. Les hormones du stress secrétées en continu usent notre corps à petit feu et l’on est de plus en plus fatigué. Le burn out n’est pas une dépression (même si celle-ci peut l’accompagner) mais un phénomène physique d’usure. Un stress chronique construit le burnout. Le burnout est un phénomène long et évolutif. Il ne surgit pas soudainement après un événement aigu, on parle plutôt dans ce cas-là de stress post-traumatique.

Les patients que je reçois dans mon cabinet et qui souffrent de burn-out ont pratiquement tous les mêmes caractéristiques: très engagés dans leur travail, motivés, demandant peu d’aide car capables de porter une lourde charge de travail, ce sont des personnes sur qui on peut compter qui sont souvent perfectionniste ou alors plus à l’écoute du besoin des autres que de leurs propres besoins. Ce sont des personnes très appréciées dans leur milieu professionnel et ce sont des bons éléments de l’entreprise. Ils ne sont pratiquement jamais absents de leur travail.

Je pourrais résumer le profil des victimes de burn-out par le «type fort»:

  • des personnes pouvant assumer habituellement une lourde charge de travail et faire face à des situations de stress sans difficultés et sans se plaindre,
  • sur qui leurs supérieurs peuvent compter, lorsqu’ils leur délèguent une tâche, ils savent que le travail sera bien fait et en respectant les délais,
  • toujours très engagées dans leur travail et pour leur entreprise, ces personnes sont très attentives à la qualité et exigeantes avec elles-mêmes,
  • dans certaines professions sociales on observe souvent des personnes très compétentes pour identifier le besoin des autres et y répondre plutôt que leurs propres besoins.

Actuellement, toute profession peut être touchée par cette souffrance au travail. Les facteurs de risques peuvent être différents d’un domaine professionnel à l’autre mais personne n’est à l’abri.

On ressent une fatigue de tension qui se manifeste surtout par une hyperactivité et un sur-engagement au travail: moins efficace, on compense par plus d’heures, plus d’inquiétude et moins de sommeil. A contrario, on se désengage de la vie privée et à la maison, on n’a souvent plus envie de rien faire, on rumine ses problèmes de travail. Ce dernier envahit complètement la vie privée et l’on se referme sur soi-même, on n’est plus disponible pour les autres et l’on n’a plus envie de parler de choses légères ou de voir ses amis. L’entourage s’en rend compte, et à la longue cela peut ajouter des tensions familiales à celles du travail: «Tu n’es plus jamais là», «Tu n’es plus avec nous»… D’autant que l’on contrôle moins ses émotions: on devient plus irritable, agressif, inquiet, susceptible et angoissé. Souvent les victimes me disent «Je ne me reconnais pas. Je ne suis pas comme cela d’habitude».

Chacun de nous risquons d’être en burnout un jour ou l’autre. La cause du burnout est souvent multifactorielle. Il y a des différences individuelles et des stratégies personnelles d’adaptation plus ou moins efficaces. Ce sont l’accumulation et la répétition à moyen terme (1 à 5 ans) de tensions psychiques et de stress émotionnels qui vont causer l’épuisement physique et psychique et le désinvestissement professionnel.

La façon la plus simple de comprendre le processus du burn-out est de le voir comme les conséquences d’un déséquilibre sur une longue durée entre trop de dépense d’énergie d’un côté (dans le travail et les tâches usantes) et pas suffisamment de récupération d’un autre côté (en dehors du travail et dans le travail avec les tâches ressourçantes et motivantes).

La prévention du burn-out pourra alors se faire sur ces deux niveaux en diminuant et agissant sur les facteurs d’usure ainsi qu’en augmentant les lieux de ressources et de récupération d’énergie.

La première étape de la prévention est d’être bien informé sur le processus de burn-out, les symptômes et le terrain favorable. Il est essentiel de connaître ses propres symptômes d’alerte: « lorsque je dépasse mes limites au travail comment cela se manifeste-t-il dans mon corps, mon comportement ou mes émotions? »; la deuxième étape de la prévention est d’observer et de déterminer précisément le terrain favorable et facteurs de risque. La troisième étape est de mettre en place des stratégies pour gérer le stress et se décharger des tensions dans le quotidien professionnel aussi pas seulement dans la vie privée.

Le principe de base de la prévention est de considérer le burnout comme les conséquences d’un déséquilibre: trop de dépense d’énergie (contraintes, stress, pressions, etc) et pas suffisamment de récupération d’énergie (challenges motivants, satisfaction au travail, sens et utilité des tâches, loisirs, amis, etc.). La prévention agira autant en s’occupant de diminuer les facteurs de stress que d’augmenter les lieux de ressources et de récupération.

L’activité physique, le fait de bouger le corps quotidiennement, d’expirer davantage soutien le corps à se libérer des tensions physiques créées par le stress chronique.

Les moyens sont nombreux: apprendre à décharger les tensions et le stress, diminuer les exigences personnelles, poser des limites, cadrer les ruminations mentales, savoir demander de l’aide, avoir un bon réseau de soutien, protéger sa vie privée des soucis professionnels. Le bilan que chacun peut faire est simple: quel est l’équilibre/déséquilibre entre ce qui m’use dans mon travail et de l’autre côté ce qui me redonne de l’énergie au travail et dans ma vie privée (le sens de mon travail, l’ambiance d’équipe positive, des tâches que j’aime faire, ma façon de me défouler et de me changer les idées dans ma vie privée, etc.). Comment puis-je améliorer mon équilibre en préservant mes ressources et en les développant et en limitant les lieux d’usure et de stress dans mon travail.

Cela dépend du degré de gravité. Pour certains, le fait de réaliser le processus et de prendre conscience des conséquences négatives suffit pour qu’ils changent leur façon de travailler et que cela inverse le processus, d’autres personnes auront besoin d’un accompagnement pour les changements à mettre en place, se ressourcer et mieux se protéger de l’épuisement. Dans la plupart des cas avancés et donc graves, la volonté seule ne suffit pas, il est absolument nécessaire de se faire aider par un spécialiste.

Concernant la prise en charge de personnes souffrant de burnout avancé:

  • On ne peut pas s’en sortir seul et sans aide, la volonté ne suffit pas.
  • Il est souvent nécessaire de s’arrêter de travailler pour prendre du recul avec le travail et se remettre en question.
  • Pour l’épuisement physique: une ou deux semaines de repos, cela suffit.
  • Pour se remettre de l’épuisement psychique et émotionnel: il faut souvent plusieurs mois pour retrouver confiance en soi, être disponible aux autres, reconstruire un sens à ce qu’on fait, digérer émotionnellement la souffrance, la culpabilité ressentie.

Certaines entreprises mettent en place des actions de dépistage et de prévention ce qui permet aussi d’interrompre le processus infernal avant qu’il soit trop avancé et donc trop grave.

Le « diagnostic » ou le bilan du burnout peut être posé par votre médecin généraliste, un psychiatre ou un psychologue. Il est souvent évoqué par les collègues. Il est rarement posé par la personne elle-même de par sa difficulté à se rendre compte de son état. La reconnaissance du burnout passe par une recherche d’informations précise et approfondie qui peut avoir la forme d’une auto observation. Pour cela évaluez-vous. Une première évaluation peut être faite simplement en faisant la check-list des symptômes, ce qui donne une indication pouvant aider à se rendre compte de la gravité, ou non, du problème.

A qui s’adresser?

Lorsque l’état d’épuisement est important et le burnout installé, la souffrance de la personne nécessite l’aide d’un professionnel (psychologue, médecin). Il est fortement conseillé d’avoir un arrêt de travail pour se reposer et aussi pour prendre du recul avec sa situation professionnelle. Des changements doivent être apportés dans la manière de travailler pour pouvoir se protéger de l’usure. Il est souvent conseillé de consulter un spécialiste pour y voir plus clair et choisir au mieux la prise en charge adéquate en fonction des besoins.

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