Toute personne qui réussit a ses alliés
Nous sommes constamment lié à notre entourage même si nous n’y prêtons pas attention. Très souvent, nous subissons des alliances négatives: nous ruminons une critique reçue, nous continuons à penser à une personne qui nous agace même si elle n’est plus là, nous absorbons le stress et l’urgence des autres. En général, le négatif est très présent autour de nous, trop présent par rapport au positif. Choisissons avec qui nous voulons faire alliance!
L’allié a l’expérience que nous n’avons pas
Lorsque nous allons le voir, il nous offre sa compétence. Grâce à son expérience, il peut nous permettre de simplifier le procédé; il peut nous guider dans les parties plus compliquées ; il nous aide à éviter les pièges et nous avertit des dangers potentiels. Il est capable d’indiquer des raccourcis.
L’allié est détaché émotionnellement de notre difficulté
Nous sommes parfois prisonniers des émotions que soulève une situation difficile: peur, excitation, angoisse, confusion, accablement, découragement. Notre allié peut nous offrir alors un nouvel angle de vue ; il voit les choses avec une saine distance, il nous aidera à réfléchir et saura nous encourager.
L’allié est une aide concrète indispensable
Tous les grands dirigeants en bénéficient, notre allié est aussi la "petite main irremplaçable" sans qui l’accomplissement de notre travail ne serait pas possible.
L’allié contribue à notre inspiration
Nous pouvons nous relier à des qualités. L’allié est alors une mémoire de la personne. C’est ce qu’on appelle les "héros". Ils constituent nos modèles d’inspiration qui nous guident par leurs valeurs et leurs qualités dans notre développement.
Un réseau d’alliés est indispensable à notre efficacité professionnelle
Il peut aussi contribuer à conserver un équilibre sain au travail. Qui sont vos alliés? Comment entretenez-vous ces liens significatifs? Ce soutien se construit, s’enrichit et se développe. Pensez à y faire appel lorsque vous vous surprenez à essayer de faire face seul aux difficultés.
En période de famine de temps pour soi, la recette du changement réussi…
Changer un comportement est souvent nécessaire pour entretenir sa santé au travail. Dans une surcharge de travail constante, il y a peu de marge de manœuvre pour adopter un changement durable car nos forces sont trop souvent dispersées dans le devoir à accomplir et nous n’avons plus assez d’énergie et de temps à investir à notre propre santé.
La recette du changement réussi:
1. Choisissez un petit changement à la fois
Quel changement va avoir un réel impact sur votre santé au travail et votre qualité de vie? S’il est trop important, divisez-le en micro-changements à réaliser dans le quotidien. Soyez humble et baissez la barre d’exigence sur vous-même pour être réaliste ; tenez compte du fait que les conditions de travail vous laissent très peu de marge de manœuvre.
2. Engagez-vous à changer et croyez-y!
L’engagement personnel demande une attention, une vigilance, mais ne demande pas d’énergie ou d’effort supplémentaire. Il s’agit de canaliser son énergie dans une direction que nous choisissons. Pour s’engager il est indispensable d’être persuadé que le changement est utile et nécessaire.
3. Passer à l’action et pratiquer chaque jour
Comme un entraînement physique renforce la musculature, il est nécessaire de faire des exercices réguliers pour renforcer notre musculature mentale et instaurer de bonnes habitudes. Allez-y à petits pas chaque jour…
4. L’inconfort est le bon signe du changement en cours
"Cela ne ressemble pas à ce que j’ai connu et ce n’est pas encore ce que cela pourrait devenir". L’inconfort est le climat nécessaire dans lequel s’opèrent beaucoup de nos changements. Nous pouvons apprendre à nous soutenir dans l’inconfort temporaire.
5. Renforcez la nouvelle habitude en la validant
Prenez le temps de sentir la satisfaction du changement accompli, donnez-lui de la valeur pour renforcer la confiance en votre compétence au changement.
Une fois l’étape 5 réalisée, lorsque le changement souhaité est intégré comme une nouvelle habitude et dont le maintien ne vous coûte plus d’énergie supplémentaire, passez à l’étape 1 pour aborder un nouveau changement.ngement.
«Je ne peux pas m’en empêcher!»
Il y a quelques semaines, j’ai fait la connaissance d’un intéressant et passionné professeur d’Université; il m’a parlé de quelques-unes de ses nombreuses activités professionnelles et il finit par m’avouer qu’il travaille 7 jours sur 7 plus de 70 heures par semaine! Il me dit très lucide que s’il effectuait uniquement le travail pour lequel il est salarié, professeur d’université, il ne serait pas du tout en surcharge; il aurait ainsi le temps de pratiquer son sport favori: le tennis.
Je lui demande alors pourquoi il s’engage dans autant d’activités professionnelles supplémentaires en prenant le risque de sacrifier sa santé et sa vie privée, il me répond: "Je ne peux pas m’en empêcher, lorsque j’entends les absurdités qui sont dites sur le thème dont je suis le spécialiste, je me sens obligé d’intervenir!"
Il est intéressant de constater que, parfois, nous en faisons plus que ce qui est attendu ou que ce qui est décrit dans notre cahier des charges officiel. Les valeurs de notre profession, le sens de notre travail nous poussent souvent au delà de nos limites. Un idéal fort conduit très souvent à une surcharge chronique; le Dr. Freudenberger (précurseur américain du burnout dans les années 1970) décrivait le burnout comme "la maladie de l’idéalité".
Si vous avez un idéal fort, posez-vous la question des priorités de vie que vous souhaitez. Parfois poser des limites à notre passion est un réel deuil à faire mais cela vaut la peine si c'est pour préserver un équilibre de vie serein et sain.
Bientôt un test sanguin pour diagnostiquer le burn-out?
Selon une recherche publiée en 2011 par la Professeure Sonia Lupien et Robert-Paul Juster, du Centre d'études sur le stress humain de l'Université de Montréal, votre sang et le niveau d'une hormone dans votre salive pourraient révéler si vous êtes sur la voie de l'épuisement professionnel avant d’être gravement atteint.
Sonia Lupien: "Pour des conditions comme l'épuisement professionnel, où il n'y a pas de consensus sur les critères de diagnostic et où il existe un chevauchement des symptômes avec la dépression, il est essentiel d'utiliser de multiples méthodes d'analyse. Une signature possible de l'épuisement professionnel pourrait être la diminution de la production de l'hormone de stress, le cortisol*, et des dérèglements des systèmes physiologiques qui interagissent avec cette hormone de stress."
L’étude montre que les niveaux de cortisol* sont souvent élevés chez les personnes qui souffrent de dépression, alors qu'il a tendance à être trop bas dans les cas d'épuisement professionnel. Ainsi, un surplus de cortisol pourrait être aussi nocif qu'une insuffisance. Malheureusement, les victimes de burn-out sont souvent traitées avec des antidépresseurs qui réduisent le niveau de cortisol. Si ce taux est déjà inférieur à ce qu'il devrait être, la prescription de ce type de médicaments pourrait donc être une erreur de traitement.
Le stress chronique et des niveaux déséquilibrés de cortisol* peuvent exercer une sorte d'effet domino sur les processus physiologiques.
Les chercheurs parlent de "charge allostatique" comme indice des problèmes physiques de l'usure. En examinant des facteurs comme l'insuline, le sucre, le cholestérol, la tension artérielle et l'inflammation, les chercheurs établissent l' "indice de charge allostatique".
Selon le professeur Juster: "L'utilisation d'un indice de charge allostatique ouvre aux chercheurs et aux cliniciens une fenêtre sur la façon dont le stress chronique épuise la personne. À l'avenir, nous avons besoin d'études qui suivent les gens au fil du temps pour déterminer si le profil d'un taux peu élevé de cortisol et de dérèglements physiologiques correspond bel et bien à la signature de l'épuisement. Si c'est le cas, la science aura progressé d'un pas vers l'aide aux travailleurs en détresse avant leur épuisement professionnel».
*Le cortisol est une hormone du stress
«Mais tu n’as qu’à vouloir pour t’en sortir»
Léo*, responsable de département dans une banque, me raconte la réaction de ses collègues lorsqu’ils ont constaté à quel point il était encore gravement épuisé après plusieurs semaines à 50% d’arrêt maladie.
Ce jour-là, ils finissent par lui dire: «mais secoue-toi, tu n’as qu’à vouloir t’en sortir pour aller mieux!». Léo me décrit par une image l’incompréhension qu’il a sentie à ce moment-là:
«C’est comme si mes collègues rament énergiquement sur une barque à la surface de l’eau et que moi je suis en danger de mort, en train de me noyer, à plus de 30 mètres de profondeur; ils me crient alors pour m’aider: courage, vas-y nage, si tu veux, tu peux revenir sur le bateau!»
Non Messieurs, «vouloir aller mieux» ne suffit pas pour guérir du burn-out. Les victimes de burn-out ont habituellement une grande force de volonté mais ils se sentent impuissants pour aller mieux. Ce vécu d’impuissance fait partie du processus d’épuisement.
Guérir du burn-out nécessite un engagement personnel dans une démarche de changement, un engagement à vouloir se protéger, à poser des limites à un travail souvent trop absorbant, réaliser que la santé est précieuse et que dans ce cas-là «je passe en priorité», avant le devoir à accomplir et les autres.
*prénom d’emprunt
La douleur du burn-out ne se voit pas
Imaginez que vous êtes posté en bas de l’immeuble de mon cabinet et que vous observez les personnes qui entrent et qui sortent du bâtiment. Vous ne pourriez pas identifier les patients qui viennent me consulter car le burn-out ne se voit pas.
Parfois vous remarquez une personne avec des béquilles ou une épaule en écharpe. Un risque lors d’épuisement avancé est l’accident par inattention ou par manque de concentration. La tension physique accumulée peut provoquer une blessure musculaire, la nuque raide ou le dos bloqué.
Il arrive même que les patients que je reçois aient l’air bien portant et même bronzés. Les sorties au soleil, à l’extérieur, dans la nature sont une des priorités du traitement. En effet, le premier objectif est de remonter le niveau d’énergie, les mouvements à l’extérieur aident à retrouver l’énergie de base et la dynamique corporelle.
Donc de l’extérieur, rien de grave ne semble transparaître. Et pourtant, la douleur intérieure est bien présente: l’impression de faillir; la honte de se sentir fragile comparé aux collègues qui eux semblent tenir le coup dans des conditions de travail similaires; la culpabilité de ne pas pouvoir aller travailler; le vide de ne pas comprendre ce qui arrive; l’impression d’un effondrement intérieur; les pleurs d'impuissance; l’angoisse de ne pas savoir comment faire pour supporter le travail à nouveau.
Heureusement, en regardant bien, vous pouvez aussi remarquer des personnes qui ont l’air apaisées et détendues, encouragées car leur vie est reconstruite dans un bien meilleur équilibre qu’avant le burn-out.
Le burn-out ne touchera pas les fainéants!
Oui, il y a des personnes qui n’ont pas de bonnes stratégies pour faire face au stress quotidien. Il y a donc un profil particulier qui rendrait davantage vulnérable aux situations stressantes. De nombreuses études scientifiques existent à ce sujet (stratégies de coping).
Par contre, dans mon cabinet, je vois que les patients qui viennent me consulter pour cause de burn-out sont des personnes qui ont une très bonne capacité à faire face au stress habituellement. Les victimes de burn-out ne sont pas non plus des personnes fragiles, qui seraient toujours absentes de leur poste de travail pour un oui ou un non, et encore moins des personnes fainéantes.
Je pourrais résumer le profil des victimes de burn-out par le "type fort":
- des personnes pouvant assumer habituellement une lourde charge de travail et faire face à des situations de stress sans difficultés et sans se plaindre,
- sur qui leurs supérieurs peuvent compter, lorsqu’ils leur délèguent une tâche, ils savent que le travail sera bien fait et en respectant les délais;
- toujours très engagées dans leur travail et pour leur entreprise, ces personnes sont très attentives à la qualité et exigeantes avec elles-mêmes,
- dans certaines professions sociales on observe souvent des personnes très compétentes pour identifier le besoin des autres et y répondre plutôt que leurs propres besoins;
- dans l'adversité et la difficulté, ces personnes auront une attitude engagée et déterminée à atteindre l'objectif, elles chercheront à faire face coûte que coûte et ne demanderont pas d'aide facilement.
Les personnes qui risquent le plus de souffrir un jour de burn-out sont souvent des piliers de l’équipe ou du département dans lequel ils travaillent, on peut les considérer comme les bons éléments de l’entreprise.
Le burn-out n’est pas une fragilité psychique!
L’épuisement professionnel est la conséquence d’un stress chronique, il s’agit donc dans une première phase d’un déséquilibre physique.
Le stress est une réaction physiologique. Pour se représenter les effets du stress dans le corps, il suffit de penser à la dernière fois où, au volant d’un véhicule, il a fallu tout à coup planter sur les freins pour éviter l’accident. Le corps envoie immédiatement une décharge d’adrénaline et d’autres hormones de stress comme le cortisol. La réaction est immédiate et plus rapide que notre pensée: mains crispées sur le volant, yeux écarquillés, le cœur bat soudain la chamade, des tremblements apparaissent parfois.
Lors de burn-out, les mêmes mécanismes ont lieu au niveau physiologique, peut-être moins intensément, mais répartis sur une très longue durée. La seule différence est qu’on s’y adapte. Cet état d’alerte arrive graduellement, de manière insidieuse. Au départ, on ne réalise pas que notre cœur bat peut-être un peu plus vite, on commence petit à petit à tendre les épaules et à crisper les bras. Une sensation exacerbée se développe, on devient moins tolérant face au bruit. D’autres symptômes physiologiques de stress apparaissent : problèmes d’estomac, tension artérielle trop élevée, maux de tête, problèmes de dos. Le corps est en état d’alerte permanent, 24h/24. Cela provoque des difficultés à s’endormir et des réveils fréquents durant la nuit. L’accumulation de toutes ces tensions dans le corps finit par l’épuiser. Une fatigue de fond s’installe, elle rend vulnérable, les émotions sont moins bien contrôlées, l’irritabilité devient fréquente, le moral est atteint aussi. L’épuisement installé, l’efficacité habituelle n’est plus du tout possible, on va alors chercher à compenser ce manque de performance en travaillant davantage, la perte d’estime de soi finit par s’imposer aussi. L’équilibre psychologique se détériore alors progressivement.